Publié le 17 décembre 2020, par Anne Doridou-Heim

À la cour de Versailles, il était de mise de savoir tirer son épingle du jeu pour ne pas risquer de se brûler auprès du Soleil. Aujourd’hui, c’est aux enchères que les parties se jouent. Les jeux de hasard et de stratégie, à l’époque, s’avéraient être bien plus qu'un simple divertissement; c’était un art, un moyen de se faire valoir, de s’allier aux puissants, et, tout autant, une méthode de recherche d’ascension sociale. Les nobles, vêtus de leurs plus élégantes parures, se retrouvaient autour de tables ornées de velours, les dés et les cartes en main, prêts à parier leurs fortunes contre celle des autres, tout en gardant un œil sur les faveurs royales, toujours précieuses.

Cette année, Noël ne sera pas tout à fait comme les autres, nous l’avons bien compris; mais heureusement, les petits devraient tout de même trouver les jeux commandés au pied du sapin. Au temps du royaume, c'étaient les grands de France qui jouaient, par amusement certes, mais aussi sur ordre royal. Louis XIV a fait des plaisirs un rituel millimétré, ayant appris que pour gouverner, il faut d’abord divertir. Dans ses Mémoires pour l’instruction du dauphin, il explique la nécessité d’instaurer «cette société de plaisirs, qui donne aux personnes de la cour une honnête familiarité avec le [souverain], les touche et les charme plus qu’on ne peut dire»… Le rythme hebdomadaire, définitivement arrêté dans les années 1690, prévoit d’alterner les soirées dites «d’appartement» avec concert, jeu et bal, et celles réservées à la comédie. Un tempo rodé, dont le grand ordonnancier est le Roi-Soleil, qui perdurera jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, lorsqu’il ne sera alors plus question d’obéir, mais de s’étourdir. Dans cette atmosphère de luxe et d'opulence, nous découvrons des objets qui transcendent le simple jeu pour devenir des symboles de statut, de richesse et de pouvoir.

Travail français de la fin du XVIII e siècle, pour Louis XVI roi de France. Aumonière en sablé de perles polychromes sur fond ivoire, à décor des armes de France et du chiffre entrelacé de Louis XVI, h. 7, diam. 9 cm. Drouot, 22 février 2017. Coutau-Bégarie OVV. M. Boulay. Adjugé : 10 744 € Travail français du milieu du XVIII e siècle, pour Marie Leszczynska, reine de France. Aumônière ou bourse à jetons en velours de soie rouge, les côtes sont brodées de motifs floraux et fleurs de lys en fils d’or et d’argent, le fond aux armes d’alliance Bourbon-Lesczynska sous couronne royale…

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