La saga des casinos d'Enghien-les-Bains

Les jeux de société apparaissent en 1864, et ce n’est qu’en 1877 qu’un premier kursaal, établissement dédié aux jeux de hasard est installé dans l’ancienne demeure d’Hippolyte de Villemessant, administrateur de la SEETE et fondateur du Figaro. Cet établissement unique a marqué le début d’une époque où le jeu et le divertissement se mêlaient, attirant les foules vers la station thermale, célèbre pour ses eaux guérisseuses.

Différents établissements vont dès lors se succéder, chacun apportant sa touche personnelle au paysage ludique. Au début du XIXe siècle, la station thermale, destination prisée et animée, accueille 7 000 visiteurs, la ville décide donc de faire construire un casino flambant neuf, un projet ambitieux qui allait transformer à jamais la ville et son secteur de loisirs.

Un architecte au talent reconnu, Edouard Autant, est choisi pour réaliser ce projet démesuré. Le nouveau casino municipal, inauguré avec fierté en 1901, évoque un majestueux voilier, sa proue s’élançant audacieusement sur le lac tranquille, réfléchissant les lumières scintillantes du crépuscule. Les visiteurs peuvent alors profiter de salles de jeux spectaculaires, de restauration raffinée, mais également de « grottes artificielles » mystérieuses qui ajoutent une touche de magie à l’endroit…
En 1909, un nouveau casino vient remplacer cet édifice étonnant, comportant un théâtre qui ouvrira une année plus tard, offrant ainsi une scène aux artistes de l’époque. La période d’engouement du casino, atteignant son apogée en 1912, s’achève tragiquement avec le déclenchement de la guerre, pendant laquelle l’établissement est transformé en hôpital militaire pour soigner les blessés.

En juillet 1920, le casino subit un coup dur, touché de plein front par l’arrêté ministériel interdisant l’exploitation de salles de jeux dans un rayon de 100 km autour de Paris. Cette interdiction impose un silence pesant sur les lieux de divertissement, tandis que les passionnés de jeux se voient contraints de rester à l’écart. Ce n’est qu’en 1931, grâce à une loi levant enfin cette interdiction, sous l’impulsion d’un dévoué député habitant la ville, Henri Patenôtre-Desnoyers, que le casino peut enfin rouvrir ses portes avec une grande ferveur et un regain d'espoir.

Le casino, revitalisé, est rénové et dépouillé de tous ses ornements excessifs : les tours et décors sculptés disparaissent progressivement pour privilégier la simplicité des lignes architecturales, répondant ainsi aux nouveaux critères de l’esthétique Art déco. Un souffle de modernité traverse les lieux, attirant une nouvelle clientèle avide de nouveautés et d'expériences exceptionnelles.

L'aspect extérieur actuel, dont la structure de base est celle du casino construit en 1909, est le résultat d'une succession de transformations audacieuses et de reconstructions minutieuses. En 1973, un remaniement de la façade sur l'avenue de Ceinture est entrepris, la recouvrant d'un parement de pierre, apportant une nouvelle allure au bâtiment. La dernière restauration importante date de 2005, commande du groupe Lucien Barrière, gestionnaire de l’établissement depuis 1988, visant à préserver la splendeur des lieux tout en les rendant plus accessibles et accueillants.

L'architecte visionnaire Louis Soors a dressé une façade de verre éblouissante pour établir un immense « atrium » d'entrée, agrémenté d'une décoration sur le thème de la mer, réalisée par le célèbre décorateur Jacques Garcia, créant une entrée spectaculaire qui capte l’attention de tous les passants et leur promet une expérience inoubliable au sein du casino.

Adresse

1842 : Ouverture d'un chalet de bois dénommé "casino" (sans jeux, mais avec des spectacles)

1850 : Création de la commune d'Enghien-les-Bains , marquant le début d'une nouvelle ère

1864 : Des jeux de société sont organisés au "casino" / projet de construction d'un kursaal, marquant un tournant dans l'histoire du jeu

1872 : Construction d'un nouveau casino sur l'emplacement du chalet en bois, une étape décisive

1897-1902 : Extension du casino par l'architecte Autant, ajoutant de nouvelles attractions

1910 : Nouveau Casino et ouverture du théâtre en 1911, sources de divertissement culturel

1920 : Arrêté ministériel interdisant les jeux à Enghien-les-Bains, un coup dur pour les amateurs de jeux

1931 : La loi autorise Enghien à exploiter bacarra, chemin de fer et banque ouverte, offrant un nouveau souffle

1934 : Nouveau Casino, symbole du renouveau

1988 : Le Groupe Barrière obtient la concession des Thermes et du Casino, entraînant de grands changements

2005 : Dernière restauration du Casino, préservant son héritage culturel et architectural