avec AFP - Mis à jour le . 2 min

© Bridget BENNETT / AFP

Une nouvelle qui divise le milieu des jeux d'argent. Le gouvernement envisage d'autoriser les casinos en ligne dans le cadre du projet de budget 2025. Mais face à cette hypothèse, les casinos tirent déjà la sonnette d'alarme et redoutent des "conséquences catastrophiques". Cette situation est d'autant plus préoccupante que les établissements de jeux physiques, qui ont fait leurs preuves au fil des ans, se sentent menacés par l'arrivée potentielle de la concurrence numérique. Les acteurs traditionnels craignent que l'ouverture des jeux en ligne ne sape les fondations même de l'industrie établie.

Le gouvernement a déposé ce week-end un amendement prévoyant d'autoriser les casinos en ligne dans le cadre du projet de budget 2025 dont l'examen s'ouvre lundi à l'Assemblée nationale. "Cette ouverture procède d'une mise en cohérence du cadre des jeux avec nos principaux voisins européens, la France étant, avec Chypre, le seul pays de l'Union européenne à interdire les jeux de casino en ligne", indique le texte de cet amendement déposé samedi. Ce changement pourrait sembler bénéfique, visant à aligner la législation française sur celle des pays voisins, mais il soulève des questions légitimes sur le futur des casinos physiques qui ont longtemps été un pilier de l'économie locale.

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"Cette interdiction s'est accompagnée du développement d'une offre illégale importante ces dernières années. Selon l'étude commandée fin 2023 par l'Autorité nationale des jeux, le produit brut des jeux généré par l'offre illégale des jeux d'argent en ligne en France se situerait entre 748 millions et 1,5 milliard d'euros, soit entre 5% et 11% du marché global des jeux d'argent", rappelle-t-il. Le gouvernement vise ainsi à "limiter l'impact sur la santé publique des consommateurs de jeux en ligne" et "contrôler cette offre de jeux qui ne cesse de croître". Les enjeux de santé publique sont cruciaux, car une régulation adéquate pourrait protéger les joueurs tout en assurant une concurrence équitable pour les établissements traditionnels.

Décriée par les établissements physiques

"Cette autorisation doit s'accompagner d'une régulation spécifique qu'il est proposé de définir, en lien avec l'Autorité nationale des jeux et l'ensemble des acteurs concernés, par voie d'ordonnance", précise l'amendement. Les appels à la régulation sont nécessaires pour anticiper les effets d'un tel changement sur le marché. Il est essentiel de mettre en place des mesures qui garantissent une compétition juste entre les établissements en ligne et physiques, tout en protégeant les intérêts des joueurs.

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Réclamée depuis plusieurs années par les opérateurs de jeux en ligne, la légalisation des casinos en ligne en France est en revanche décriée par les établissements physiques, qui plaident pour que ce marché leur soit réservé. Les voix de ces établissements, qui ont investi des millions dans leurs opérations physiques, s'élèvent pour défendre leur position. "Selon nos calculs, l'ouverture à la concurrence du casino en ligne entraînera une baisse du produit brut des jeux des casinos terrestres de l'ordre de 20 à 30%, et la fermeture de 30% des établissements", a alerté Grégory Rabuel, président du syndicat du secteur Casinos de France et directeur général du groupe Barrière, dans un entretien aux Echos publié lundi. Les préoccupations des professionnels du secteur physique ne doivent pas être ignorées, car elles pourraient avoir des répercussions importantes sur l'emploi et l'économie locale.

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"Le marché existe déjà"

"Il y aura des conséquences catastrophiques, notamment sociales : on estime que 15.000 emplois seront supprimés. Plus globalement, cela revient à signer l'arrêt de mort des casinos terrestres", s'est-il inquiété. Cette annonce a provoqué une onde de choc dans le secteur, alors même que de nombreux employés et familles dépendent de la réussite de ces établissements. Les inquiétudes grandissent quant à l'avenir des emplois, à mesure que le paysage des jeux d'argent évolue rapidement.

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"Dans les faits, le marché existe déjà. Donc une légalisation n'enlèverait pas grand-chose aux casinos", rétorque un partisan de l'autorisation auprès de l'AFP, évaluant les gains pour l'État à 1 milliard d'euros. La législation autour des jeux en ligne est un sujet brûlant, et il est crucial de trouver un équilibre entre innovation et protection des acteurs en place. Le texte prévoit de taxer les casinos en ligne à 55,6% du produit brut des jeux, c'est-à-dire au même niveau que la catégorie générale des jeux de loterie en ligne. Ce modèle fiscal pourrait permettre d'ajouter des ressources significatives au budget national tout en soutenant la transition vers une économie de jeu plus moderne et régulée.

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