Le projet de Loto-Québec d'implanter un salon de jeux dans l'Hôtel Rimouski suscite de vives réactions, notamment en raison de l'absence de l'aval de la santé publique. Le maire Guy Caron a indiqué lors d'une conférence de presse mardi que des discussions avaient eu lieu, mais les déclarations du directeur régional, le docteur Sylvain Leduc, montrent une réalité différente. Ce dernier a clarifié qu'il n'avait pas eu accès aux détails complets du projet, ce qui l’a poussé à émettre des réserves quant à son impact potentiel.

En effet, le docteur Leduc a mis l'accent sur le fait qu'il n'avait jamais été informé des plans d'aménagement autour du salon de jeux, ajoutant que la Ville n'avait pas discuté des implications de cette initiative. Il souligne une préoccupation majeure : la proximité du futur salon avec les 500 logements abordables que le Groupe Angus projette de construire. Les raisons de cette préoccupation semblent évidentes, notamment l'impact sur la communauté environnante.

Le directeur de la santé publique a commenté cette initiative en ces termes : Ce ne serait pas l'idée du siècle, ce qui témoigne du scepticisme entourant la viabilité du projet.

Ce mardi, après l'approbation du changement de zonage par les élus de la ville, le maire Caron a insisté sur le fait que la santé publique avait donné ce qu'il a qualifié de réponse positive à l'égard de ce projet ambitieux. Le maire a même précisé que la santé publique n'avait exprimé aucune contre-indication à la création d'un mini-casino en plein cœur de la ville, ce qui a soulevé des questions dans l'esprit de certains résidents.

Les remarques du docteur Leduc ont cependant apporté un éclairage supplémentaire sur le sujet. Il a affirmé : Nous, on ne donne jamais de bénédiction pour ce genre de projets, on fait des recommandations.

La santé publique a également fait savoir qu'elle n'avait pas pu formuler de réponse détaillée par rapport à l'impact du salon de jeux, car elle ignorait jusqu'à la veille plusieurs éléments clés, y compris l'emplacement exact du projet.

Face à cette situation, la question demeure : quelles actions la Ville compte-t-elle entreprendre dans l'environnement immédiat de ce salon de jeux ? Une réflexion s'impose et des décisions devront être prises en temps opportun.

Un pari risqué

Lors de discussions préliminaires ayant eu lieu entre la santé publique et la Ville, le docteur Leduc a tout de même recommandé de limiter le nombre d'appareils de vidéo poker dans le secteur environnant, afin de préserver un équilibre. Cette précaution vise à protéger les intérêts de la communauté locale, qui pourrait être impactée négativement par l'arrivée d'un salon de jeux.

Sans fournir de chiffres précis, Loto-Québec a confirmé ses intentions de retirer un certain nombre d'appareils de ses établissements voisins, en anticipation de l'ouverture de ce nouveau salon de jeux. Cette manœuvre est perçue par certains, comme le propriétaire du bar La Boulathèque, comme une menace directe à leurs activités économiques, entraînant des incertitudes quant à la viabilité de leur entreprise.

Éric Laplante, le propriétaire du bar La Boulathèque, a partagé ses inquiétudes, allant jusqu'à envisager la fermeture de son établissement. Il a exprimé ses craintes en disant : Ça nous fait peur, ce sont des revenus importants pour nous. Ce sera des temps très difficiles après l'implantation d'un salon de jeux, soulignant ainsi la nécessité d'une consultation adéquate, surtout lorsque la Chambre de commerce soutient le projet sans réserve.

Dans la rue, les résidents ont été peu nombreux à considérer le projet comme une idée extraordinaire. Une touriste venue de Montréal a même commenté : On n'a pas besoin de cela à Rimouski pour attirer du monde, on vient ici pour voir Rimouski, c'est tellement beau.

Le directeur général de l'organisme La Montée, qui assiste les personnes luttant contre les dépendances au Bas-Saint-Laurent, a également donné son opinion : Ce n'est pas un projet qu'on avait besoin d'avoir.

Stéphane Picard, un intervenant qui a travaillé auprès de personnes souffrant de dépendance au jeu, ne s'oppose pas à la pratique du jeu en soi, mais il critique sévèrement la manière dont Loto-Québec promeut ses établissements, attirant ainsi un public souvent vulnérable. Il a déclaré :

Je trouve dommage qu'on présente ça comme étant un projet économiquement le fun et banal, mais ça va générer de la souffrance humaine, et ça, on en parle pas.

Loto-Québec, pour sa part, n'a pas encore partagé de détails sur son projet avec le public local, mais elle a exprimé son enthousiasme face à l'approbation du changement de zonage, se déclarant extrêmement ravie par cette décision. Le porte-parole Renaud Dugas a précisé que cette approbation a été donnée À l'unanimité, ce qui témoigne du soutien qu'ils ont reçu de la part des décideurs municipaux.

Selon les représentants de Loto-Québec, les discussions menées avec la Ville au cours des derniers mois ont révélé une ouverture à leur projet. Ils affirment que leur proposition pourrait être bénéfique au développement économique de la région : Dans nos discussions depuis quelques mois avec la Ville, on a senti une ouverture pour notre projet. Ce qu'on a à proposer va vraiment être bénéfique pour l'ensemble de la région, tant au niveau touristique qu'économique.

Un petit casino

En ce qui concerne le groupe Blouin, propriétaire de l'Hôtel Rimouski, celui-ci a choisi de ne pas commenter la situation par le biais de nos questions. Il est toutefois important de noter que le salon de jeux sera intégré à l'hôtel, et que Loto-Québec s'engage à payer un loyer aux propriétaires. Ça s'inscrit dans notre volonté de revoir l'ensemble de l'offre globale, a déclaré Renaud Dugas.

Il a également ajouté : On est en 2024, on doit se moderniser et offrir quelque chose qui répond aux besoins actuels de la population.

Loto-Québec a estimé qu'un salon de jeux contribue à l'économie locale, en générant environ 130 emplois directs et indirects et en injectant environ 1,5 million de dollars dans le secteur touristique chaque année. Ce futur salon de jeux à Rimouski serait le septième de Loto-Québec, se distinguant par le fait qu'il serait le seul à être situé en centre-ville, attirant ainsi l'attention des amateurs de jeux et des touristes.

Mais la question demeure : quelle est la distinction entre un casino et un salon de jeux ? Renaud Dugas a expliqué : Un salon, c'est un peu plus petit, répond Renaud Dugas, c'est à échelle régionale, mais il y a du personnel formé, du jeu, du spectacle, de la restauration. On veut que les gens ne viennent pas juste pour jouer, mais qu'ils profitent de l'ambiance, et c'est un tout.

En vue des préoccupations croissantes concernant l'impact de ce projet sur la communauté locale, une séance publique d'information est prévue pour le 8 juillet, permettant aux résidents des secteurs voisins de vous exprimer leurs inquiétudes et, si nécessaire, de demander un référendum sur la question. Une fois cette consultation effectuée, la Ville devra adopter un second projet de règlement pour officialiser l'implantation de ce salon de jeux.